samedi, juillet 29, 2006

sine veste Dianae 07



VII


A un silencio como aquel
Lo que le falta es lo que hay
(punctum coecum)

¿Podrás traducir?
Bien sûr que non Dona!

Acercaos, esto mi muy Madame, es lo que buscaron
(lo sabían)
Dejaras de saber, dejaras de pensar.
¿veis este vino?
Rubí tan a su fragancia
Y frutos tan a gusto, mora… fruits rouges, Madame, fruits rouges

Oh mon Dieu! du pourpre !
Sólo un punto, Señora, solo un punto







à un silence comme celui-là
ce qui lui manque est ce qu'il y a
(punctum coecum)
pourras-tu traduire ?
bien sûr dont non Dona !
approchez, ceci ma très Madame, est ce qu'ils ont cherché
(ils le savaient)
tu cesseras de savoir, tu cesseras de penser
voyez-vous ce vin ? Rubis tellement à son parfum et fruits tellement à goût, mûres... fruits rouges, Madame, fruits rouges !
oh mon Dieu ! du pourpre !
seulement un point, Madame, seulement un point




jeudi, juillet 27, 2006

sine veste Dianae 06


VI


Un poco más arriba
aunque difuso, fundido a la sombra
y saliendo de ella
lumbre velando el aspecto
él vio, por la contracción del pecho, que el púrpura anegaba un suspiro



Mi Dueña, punctum est quod vivimus, mañana se lo diré con un durazno,
Habrá un fuelle en el cruce ¿sabrás encontrarlo?
























Un peu plus haut
bien que diffus, fondu à l'ombre
et en sortant d'elle
éclat voilant l'aspect
il a vu, par la contraction de la poitrine, que le pourpre inondait un soupir
Ma Maîtresse, punctum est quod vivimus, demain je vous le dirai avec une pêche,
il y aura un soufflet au croisement, sauras-tu le trouver ?



mercredi, juillet 26, 2006

sine veste Dianae 05



V


Dejó una estela
no hubo reflejo
pero como tantas veces se dijo en el Sur de Francia, un
jauzir
Imagínense que punctum coecum
Y dónde

Sintió la lengua…
De tròp ric amor
Y toda florida, qué ganas tengo…pensó mientras buscaba el arco

¿Mon Sieur será la tuya?

















laissa un sillage
il n'y eut pas de reflet
mais comme tant de fois il aura été dit dans le Sud de la France, un jauzir
on s’imagine que punctum coecum
et où
Il a senti la langue...
De tròp ric amor
Et toute fleurie, quelles envies j'ai... pensa-t-elle en cherchant
l'arc
Mon Sieur sera le tienne ?




lundi, juillet 24, 2006

sine veste Dianae 04

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IV

nunca más ciega que cuando se muestra
un robo
quedará dos veces encerrada
tendrá que soñar habrá que reír

¿pero qué púrpura es ese?

habrá que cebar la canción

el área de su tizne llevarlo hasta la sombra
retraer un puñado y lanzarlo…























jamais plus aveugle que quand elle se montre
un vol
elle sera deux fois enfermée
elle devra rêver il faudra rire
mais quel pourpre est celui-là ?
il faudra amorcer la chanson
l’aire de sa suie la porter jusqu’à l’ombre
retirer une poignée et la lancer...


dimanche, juillet 23, 2006

sine veste Dianae 03

Lire sine veste Dianae 01
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III



rótulo apenas escrito
una jarra de vino
color turbio apenas puesto

querencia aquí donde a cielo abierto
la sobra retrae el fruto
lo levanta y lo endereza en la tierra

cualquier bandeja irá con la desnuda
el paño sobre la silla dirá cuándo

“¿si no hay lengua será la suya?”














enseigne à peine écrite
une fiole de vin
couleur trouble à peine mise
querencia ici où à ciel ouvert
l'excédent retire le fruit
le lève et il le redresse à terre
n’importe quel plateau peut aller avec celle qui est nue
le drap sur la chaise dira quand
"s'il n'y a pas de langue ce sera la sienne?"

Lire sine veste Dianae

samedi, juillet 22, 2006

sine veste Dianae 02

lire sine veste Dianae 01

II



Ese busto que el verano trae
(soplo que bajo la piel repetido
no se sabe si es marca o
sin ningún comienzo abismo)
¿dónde está?
(sin ninguna especie de ahora
pero quemando)
¿dónde está?


“Si no hay idioma será mi lengua, Señora”


















photo Ergy Landau





Ce buste que l'été apporte
(souffle qui répété sous la peau
on ne sait pas s’il est trace ou
sans aucun commencement abîme)
où est-il ?
(sans aucune espèce de maintenant
mais brûlant)
où est-il ?
"S'il n'y a pas d’idiome, Madame, ce sera ma langue,"


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vendredi, juillet 21, 2006

sine veste Dianae 01

I



Húmeda mañana
con su vapor salino
salino que deja la piel para lamer
“no hay hora adecuada” dijo al bajar


En la plaza
as crianças permanecem no jogo como se Heraclito ele mesmo falava
extraño puerto de sombras
risas tantas como en la Feria
ademanes aquí, allá un salto y otro
todo al mismo tiempo servido

y qué olor a buganvilla
(pero en el cuarto a canela…
nardo y canela)

“ciego arrobamiento” dijo ella, pensando en que quizás esa noche oiría las cuerdas.
















Humide matinée
avec sa vapeur saline
saline que laisse la peau à lécher
"il n'y a pas d’heure adéquate" dit-elle en descendant
Sur la Place as crianças permanecem no jogo comme se Heraclito ele mesmo falava
inconnu port d'ombres
autant de rires qu’à la Feria
des gestes ici, là un saut puis un autre
tout en même temps servi
et quel parfum à bougainvillée
(mais dans la chambre à cannelle... nard et cannelle) "aveugle ravissement" dit-elle, en pensant que peut-être cette nuit elle entendrait les cordes.


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samedi, juillet 08, 2006

Manuscrit jazz quartet 04/2Partie

Aller au début du récit, Manuscrit jazz quartet 01
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Manuscrit Ax
Sous chemise b

« impose ta chance, sers ton bonheur
et vas vers ton risque.
A te regarder ils s’habitueront. » R. Char

7 octobre 1997 — Je connais le difficulté qui m’attends.

s’exiger moins, accepter plus ; phrase à phrase, qui sait… j’ai du mal à trouver le ton qui me conduirait à parler simultanément et de ce travail que je mène depuis des années déjà et de ses pièces attenantes : chambre ou salon. Retracer l’un esquisser l’autre. Décalage. Rencontre. Parfois la distance se dissout. Nous ne savions plus dans quelle pièce nous étions. Des moments. Des singularités quelconques — comment mettre au passé le cour de nos promenades qui parfois duraient des heures ? Nous longions la Seine, nous allions jusqu’au Marais… Comment, avec quelle violence mettrai-je fin à nos conversations ? Sa voix bouleversée me parlant d’un enfant, elle me tend sa voix comme sa peau, des phrases que seul un oui nous permet d’effectuer : savoir rompu et égaré, les trajets multiples qu’il produit, échos, ombres, fêlures, lien ; son antichambre obscure et monotone comme un robinet mal fermé, la verticale des gouttes, le clapotis profanant le sol, sans que personne atteste l’occasion d’une vie. (Ces conversations, oui, et les autres.) C’est après, alors que plusieurs tours auront laissé le sillage ouvert, qu’une phrase peut venir habiller l’enfant qui était là, elle — enfant elle dormait dans le salon, une chambre manquait, la sœur avait la sienne, l’autre avait été cédé à une fille au pair, elle n’avait pas de chambre, elle, son lit était défait chaque matin, les repas avaient lieu là ; j’entends le scandale qu’elle ne dit pas, il m’arrive par le regard, un silence et son visage ; je dis une phrase quelconque, c’est le ton qui est juste. Regard. Je la prends avec moi — le paradoxe d’une distance, je m’éloigne, je sors de la chambre sur la pointe des pieds, j’éteins sans faire de bruit, elle peut dormir maintenant.

ces conversations et d’autres. Celles qui viendront ensuite… à cause de cela, sinon plus… Je ressens son départ comme une perte irréparable. Je ne sais si je dois contrôler mon émotion afin de continuer à écrire ou bien la laisser couler dans l’encre.

Cela me semblait scellé (du corps à la voix) par une lettera… Mots d’alliance. Plus forts que tout. Comme d’une résistance, je pouvais y aller — le temps pressait


joie. Ces évènements quelconques. L’achat d’un livre que j’attendais, la surprise d’apprendre que la question était enfin abordée et sa proximité douce et amoureuse ; chacun de son côté, elle aussi à la trace d’un sujet qui la tenait à cœur ; solitaire, élue, ailée, avec une fierté nouvelle, avec moi de peur et pourtant timide, confidentielle, émouvante, peau papier bible, jamais un visage m’aura autant ému, ma sœur mon épouse, elle est là fouillant dans les rayonnages, nos déplacement se suivent toujours d’un regard ; corps et gravitation, au centre ou quelque part, un chiffre prenait soins de nous, malgré la tempête — et maintenant ?

Et cette question maintenant — la voix qui aura traversé de si singuliers moments ne peut-elle pas à l’occasion, en prendre soin ?
J’étais abasourdi de ne rien entendre. Comme s’il s’agissait d’un autre je n’ai pas voulu déranger.


Ou quand elle s’arrangeait pour m’offrir un livre sous mon nez. J’aimais ces livres — elle s’appelait alors Ste Ange.
Ste. Ange, c’est peut-être elle, et elle seule qui peut maintenant m’entendre — Pourquoi pas une lettre ? Hein ! Nous verrons.

Ce qui demande des siècles pour avoir lieu peut-il être détruit en si peu de temps ?


8 octobre 1997 — Laissons le moment reposer en lui-même. Quiétude. Laissons… Plus loin... Avant de reprendre l’écriture.

Fluctuations. Reprises. Des échos. Plusieurs voix. Prégnances. Je n’ordonne pas. Proie facile. C’est une langue se retournant dans tous les sens ; corps avec. Avec. C’est ma.

Dialogue — Sir ! Chantez-nous un dessin, Sir ! Répliques. Phrases : l’aphorisme. Scènes. Disputes.
— L’amour est un malentendu en soi-même.

Je laisse ces moments à eux-mêmes.

Je ne peux pas écrire. Je peux écrire. C’est la même phrase. Le silence nous vient, nous qui allons, mais n’écoutant pas.

Musique. Haydn…
Quatuor opus 77


15 octobre 1997Reprendre, recommencer.

Précaire. Il aura été impossible bâtir. Tant de soins pourtant. Quelle demeure, demeure ?

Musée Rodin à Meudon. Nous devions retourner un jour de printemps — je lui avais lu une nouvelle de Gogol, nous nous étions assis face au Mausolée, le Penseur, où il est enterré avec Rose, cette femme qu’il fini par épouser à la fin de sa vie mais dont il ne le lui reconnu pas son fils. La nouvelle s’intitulait « Le portrait »— mais qu’est-il advenu de l’épouse ; était-elle là, ce jour-la ?

Si je n’avais pas pris tant de soins… ce que je vis serait moins insupportable. J’avais d’une couleur à l’autre placé le jaune comme troisième, sachant que le temps pressait. Etudes et traversée : l’apprentissage non d’un métier mais d’une vie. Accidentée — trop précaire par moments pour que je n’ignore pas pourquoi il m’était nécessaire au tournant de garder silence : veiller seul d’abord, pour ensuite aller de nouveau auprès d’elle. Couleurs jaunes, par exemple ces teintes dorées chez Rembrandt… Je suis encore au Louvre, égaré, sans expédients et pourtant confiant. De salle en salle seul, silencieux. Précaire. L’épouse comme métaphore — son visage si proche du tableau. J’avais restreint mes visites à ces replis : un tableau, une lecture, la nuit, mes promenades — car, à qui parler ? Auprès d’elle aussi ma présence était devenue discrète — que pouvais-je lui dire en dehors de ce que j’affirmais ? et le lui ayant dis ne devais-je pas œuvrer dans ce sens plutôt que de lui faire par de ma détresse ? Pour autant que je me souvienne jamais je n’aurais cessé de produire la métaphore. La patience, avais-je lu quelque part, est l’apprentissage de la victoire.
« Horreur psychique » qui parfois m’engluait. Je pouvais m’aviser d’une défaillance et du savoir oraculaire qui l’accompagne, je ne m’identifiais pas. Ecriture et dessins mes seules armes.
Je savais que je récoltais le négatif de ce que plus tard serait éclosion. Une raison oeuvrait là — écart et distance m’avaient instruit. Il est de la nature de ce savoir que je ne puisse dire, certaines choses, autrement que moyennant la friction d’un nom : j’inventais Gracian. J’étais parfois cette pudeur.

(Ce poème de Rimbaud, A une raison, que j’associais à … Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie. Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne, - le nouvel amour ! ...une réforme de l’entendement)

A une raison. Cette raison. Les déboires de cette raison, je ne goûtais pour ainsi dire que les inconvénients de la démarche, m’expliquaient pourquoi nous pouvions nous en détourner et préférer les discours qui par leur autorité (social) nous soulagent une fois que nous les adoptons. Qu’il en résulte un désaveu des nos efforts en cours, c’est un prix que nous sommes d’autant plus prêts à payer que c’est le succès qui nous attend.
Discours : religieux, philosophique ou esthétique…
Cette raison, que j’estimais ne jamais avoir été traduite : l’artiste est cet infans (ne parle pas) qui dépendant de la belle langue de ses prédateurs ne pense pas,
cette raison, dis-je, était pour moi l’horizon d’un travail. Je n’aurai reconnu qu’un seul « auteur » capable de me faire signe d’avancer, être à même de m’accompagner et plus d’une fois me nommer. J. Lacan

(c’est difficile, mais il faut y aller ; temps difficiles, réserve-toi)

17 octobre 1997 — Parler. Lui parler. Quand ? Comment ? Entre ce que nous désirons dire à quelqu’un et ce que nous pouvons lui adresser il peut se créer une distance qui soit nous importune et dérange, c’est alors le bavardage, soit nous exprimer l’obstacle comme cette tension qui achemine le désir, et c’est un lieu, un lieu vacant où nous prenons séjour pour attendre. Nous pouvons passer toute une vie ou une partie de celle-ci non pas à attendre que cela se produise, mais à œuvrer pour que cette parole soit autant un dire que l’enclos d’un excès, nous pouvons, dis-je, plus qu’attendre, agir en patience, accepter que pendant une plus ou moins longue période ne sortent de notre bouche que des mots restreints, moins éloquent et plus circonspect, pour nous adresser, comme si la probité seule, pouvait laisser entendre le lieu d’où ils nous viennent et la force qui les agit, assignant toujours la verticale d’un rendez-vous ; rendez vous qui n’est pas différé à cause des entraves ni de les désappointements du désir, mais parce que la nature de nos efforts ne sont pas le rébus d’un caprice, ni de notre subjectivité, auquel cas la chose se réduirait à l’occasion d’un sentiment, mais à cause d’une raison, qui prend chez nous, le caractère de loi dont nous nous appliquons à suivre ses méandres, comme s’il nous fallait, pour jouir de ce nouvel amour, une réforme de notre entendement. Nous voudrions aller plus vite, et nous le pouvons, mais comme je disais, au prix de ne plus exprimer ce que nous voulions adresser, seulement seriner des lieux communs au gré des circonstances pour que nous soyons à l’aise. Nous croyons peut-être coïncider avec l’état des nos sentiments, en réalité « ces sentiments » (ce pathos) au lieu de traduire une singularité, trahissent l’état de passivité dans lequel nous nous trouvons, ce n’est que la comédie humaine qui cause. Canevas du lien social. Idéologies de bonne séance.

(Avant)


Du « petit carnet chinois » :
26/06/97— lecture des notes pendant le dîner. — Tu fantasmes ! No comment.
3h30— Je ne peux plus dormir. Rêve. Je me réveil comme si notre séjour avait pris fin là. Que puis-je faire d’autre sinon écrire. Un plus. Ecrire comme pour sauver
—tracer un pont —
Cela fait très longtemps que je ne lui parle plus.
Je lui ai offert une bague. « Les couleurs du peintre » Provence. Antibes.
Deux jours avant au restaurant à Cabris — lui parlant du Trobar. Descendre à Montpellier. Etudier l’occitan, el cansoTrobar. Dame de loin c’est la peinture. Les éléments sont là, mais la saison qui donnerait floraison manque. Printemps indécidable. Je lui en parle : cela ne prend pas. Elle se méfies ou s’attend au pire.
« Tu vas me quitter » etc. Elle sort ses larmes. Tire des pleures.
— Un dessin Sir ! Comme dans le temps. Parlez-moi de Watteau Sir !
— Son erreur. Mourant, il se lève pour détruire les dessins qui selon lui seraient trop licencieux.
— Sir ! Vous voilà triste.


Or nous désirons. Parler. C’est-à-dire ne pas soumettre, ce geste, aux avatars du jour. Peu d’éléments nous permettent deviner ce contexte qui nous serait favorable, pourtant nous continuons à nous conduire de la sorte parce que nous accordons à notre parole, en ce qu’elle s’adresse à la personne que nous aimons, une valeur d’éternité. Et là nous n’avons pas seulement trouvé un obstacle à nos élans, mais aussi la chance de ce nouvel amour. Ce n’est pas que nous n’allons pas vite, c’est que nous allons avec une sorte d’éternité.
Aller suffit.
Nous ne souhaitons pas tant les résultats qui nous donneraient une gloire incertaine comme nous désirons que l’effet d’un nom (signature) nomme la femme que l’on aime. Faire son portrait, mais, là-bas, où la peinture a lieu.

18/10/97 — D’avoir pris soin comme on enregistre une trajectoire afin de s’en acquitter plus tard par le trait, ce que j’entendais n’avait par comme unique source ce qui, dans les circonstances, m’était adressé ; ainsi quand elle est venue me parler en m’intimant de comprendre ses arguments qui, je n’en doutais pas, étaient sincères, (je devais le remercier d’être honnête avec moi) il me suffit d’introduire la passé le plus récent pour marquer l’endroit exacte d’un revirement et déduire que tout ce que désormais je pouvais lui dire ne trouverai plus la personne avec j’avais un lien. Je trouvais ça drôle que ce soit la même personne qui, quelques mois auparavant me manifestait sa souffrance jalouse — « tu vas me quitter », vienne maintenant avec la même sincérité me « faire part » d’une décision de longue date…

/P.S. : A moins qu’en inversant l’ordre on ne découvre qu’elle s’est limité à énoncer une vérité — Tu vas me quitter.



FIN

Manuscrit jazz quartet 04/1Partie

Aller au début du récit, Manuscrit jazz quartet 01
Le jour d’après je terminais par prendre le dossier avec moi. J’allais à la Bibliothèque. Je rentrais un peu plus dans la lecture. Si je comptais les dates, il manquait un mois d’écriture. Beaucoup.
Pour l’instant je ne voulais pas en savoir plus. Cela me suffisait. Un mois.

Ce qui me préoccupait était mon « état présent », seule source dont il fallait s’occuper puisque c’est de là que le reste pouvait jaillir. Que je puisse comprendre ce que j’avais voulu écrire mais aussi ces choses auxquelles je n’ai pas su penser, les aspects que j’aurais pu négliger et la partie qui demeurait refoulée, comme aussi, le sens de certaines phrases, ne dépendaient pas du passé seul, l’acte que je pouvais maintenant accomplir n’était pas neutre, ni passif. D’ailleurs, ce n’était pas pour moi du passé. La manière dont j’avais d’y songer me le laissait entendre et quelqu’un m’écoutant parler de cette période n’aurait pas pensé autre chose. Mais ce n’était pas non plus du présent,

je me disais seulement qu’il devait y avoir une pointe de vérité,


Ce ne peut être qu’une chanson où l’on dit sa peine. Je ne m’attendais pas à ce que mes amis, tous, oui tous, allaient doubler ma douleur. Aucun n’est venu. Un accord tacite quant aux faits. Si peu de musique

deux jours après avoir dansé sur le quai, elle, ma femme, m’appelle pour me dire que sa famille est froide. Personne n’accordait de l’importance à ce qu’elle venait de réussir, son diplôme, sa fin d’études. Je lui dis : Viens ! Trois heures de route.

nous devions partir en voyage pour le fêter, elle me le rappelle, j’argumente, explique que ce n’est pas possible, à cause du travail, elle insiste, je l’écoute. Silence. Je vois ce paysage. Elle a raison : il faut y aller. Je le lui dis. Mais elle répond que ce n’est pas important… Le contraire de ce qu’elle disait il y a un instant. Dénégation. Silence. Je ne parle plus. Un repas, ce repas. Là où elle peut-être ne se souvient pas. La dernière fois que nous parlerons ensemble, de nous à nous.

Elle repart. Il suffira d’un mois et demi.

J’avais demandé à l’Alek qu’il me prête sa chambre de bonne. Ainsi pour un temps. Ainsi pour un temps comme nous l’avions décidé avant les vacances. Ce temps que l’on s’accorde, encore imprégnés d’amour. Chanson. Nous devions voir pour l’avenir. Rester séparés pour un temps. Ainsi pour un temps. Ainsi pour un temps comme nous l’avions décidé. Ce temps que l’on s’accorde, encore imprégné d’amour. Mais la vie sépare ceux qui s’aiment.

Un mois et demi. Septembre. Retour de vacances. Nous nous donnions rendez-vous sur la terrasse d’une brasserie. Mais avant dans l’après-midi je devais passer à la maison. D’ailleurs elle aussi : — On risque de se croiser, précise-t-elle au téléphone, mais le rendez c’est pour le soir, ok ? Quand je rentre je vois que ses affaires sont là. Dans la chambre, sur le lit, un livre qui me fera dire — enfin elle s’intéresse à moi : La solitude du labyrinthe. Un soulagement remplit mon visage. Je me suis senti justifié pour une partie de nuits blanches.
Le carnet. Ces notes du mois de juin, ce jour, le 26 du mois, (puisque j’ai le carnet sous mes yeux) je trouvais dans le journal d’un côté un article sur Spinoza et de l’autre un dessin de Watteau. Je me suis aussi sentis justifié pour une parti de mes nuits blanches. Mais, voyez-vous, je me sers de l’expression en ignorant ce quelle veut dire, se sentir justifié



carnet où je notais pour plus tard, te souviens-tu mon amour des temps difficiles, secret autant que surprise d’un livre (je prendrai une chambre pour écrire ce livre, et voir, je sais, je sais, quelque chose doit changer. C’était la chambre jaune). Tant de notes et de détails précis. Des moments passés à Antibes. Mon bras lui indiquant au loin le cas d’un vert rouillé, les collines boisées de pin à Grâce ou à Saint Paul de Vence. Elle qui pleurait parfois on disant : tu vas me quitter. Et moi qui ne disais rien (te souviens-tu mon amour des temps difficiles)

Donc, je pris le livre qui était sur le lit, une carte postale servait de marque page : la reproduction d’un tableau qui gardait une parenté avec certaines de mes œuvres. J’ai cru que, comme à distance je prenais soin d’une chanson : te souviens-tu mon amour de temps difficiles, elle, libérée de la tension des examens, ayant eu les résultats qu’elle craignait ne pas être en droit d’obtenir : c’est la voix de sa mère lui disant : mais, toi, ce n’est pas grave, tu n’es pas douée pour les études, pourvue d’un diplôme avec mention, elle dis-je, commençait à s’intéresser à moi, car maintenant c’était à mon tour de mener à terme quelque chose (selon cette entente qui ne reste pas aux faits et les doubles d’une valeur symbolique), voilà ce à quoi j’ai pensé en voyant la carte postale et ce livre : La solitude du labyrinthe, soulagé en quelque sorte. Labyrinthe, était un mot à moi, je lui disais que j’étais dans un labyrinthe. Enfin elle m’écoutait, oui, je me suis senti compris au-delà des contraintes du moment, enfin, et il était temps

… mais il me fallu seulement retourner la carte pour comprendre ma méprise — elle lui était adressée par quelqu’un de notre connaissance, un ami de sa cousine, dont elle m’avait dit le plus grand mal, un certain mépris, je crois : sexualité peu conforme, n’ayant cure du genre, allant dans tous les sens, bref, un cas notoire d’infidélité ; adressé comme seul peut le faire quelqu’un avec qui on partage une certaine intimité : billet doux disait-on aux XVIII siècle. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire et de trouver déplacé le choix de la postale. Je venais de lui offrir un livre ayant pour titre « L’amour est un crime parfait ». Puis sur son bureau m’attendaient d’autres cartes du même peintre. Le raffinement était à son comble. Elle avait franchi le seuil de la pudeur. Mais pourquoi avoir choisi ces postales ?
Elle arrivera peu de temps après ; j’étais dans le salon. Depuis la chambre j’entends qu’elle me dit pourquoi je n’avais pas enlevé toutes mes affaires. Voix neutre. J’entendis avec mon corps. Il me semblait que ce n’était pas là ce que nous avions convenu. Je ne réponds pas. Pas vraiment. Le rendez-vous était pour le soir.

Le rendez-vous du soir. Elle m’attendait quand je suis arrivé. Une grimace, lèvres tendues, froides. Une conversation des plus étranges. J’ai compris en deux secondes — Mais, tu veux divorcer ou quoi ! Oui, dira-t-elle. Moi : Ok, d’accord. Ce que chez moi était l’expression d’un coup de tête trouvera chez elle le moment d’un calcul : avait pensait à tout. J’ai vu une autre personne à sa place. Tout changea d’un coup. Pour toujours.
E finita la commedia !


Cette nuit là j'écrirai...

"Chanson pour un prénom dont il n'y eût pas de naissance

— Vois-tu, je ne te prononce pas.
Maintenant qu'il n'y a personne.
Maintenant que tout le monde est parti, je voudrai te parler, au moins, un instant.
Si je te disais ce que je viens d'apprendre, tu en serais triste. Mais tu n’entendras pas. Voilà ce qui est arrivé : tu ne seras pas.
Laisse-moi donc te parler,
je serai, au moins cette nuit, toi qui n’est pas."


ce que je pouvais dire n’avait plus lieu d’être, je ne sais si ce fut silence ou tristesse mais j’avais un nom pour dire la joie qui n’aurait plus à exister, trois jours j’ai attendu avant de comprendre qu’il s’agissait d’un incendie et que j’étais en danger car j’avais préparé trop de choses pour un jour qui n’était plus et qui ne serait pas, comme ce nom pour dire la joie ne serait pas, sans compter toutes ces choses que l’on ne dit pas parce qu’elle sont à l’œuvre, vives et silencieuses, avec l’erreur et le sinthome, tant de nuits blanches
cette espoir folle qui parfois nous prend

le « fait », est la nécessité qui cache la seule chose qui compte, la vérité

mood indigo pour qu’au moins une forme puisse me représenter dans ce que je ne pouvais pas dire ; je n’ai jamais si bien compris l’architecture d’un son comme abri; il n’y avait rien en moi-même qui pouvait produire un acte ayant cet effet, et au fond je comprenais qu’il avait toujours était ainsi,
je ne me voyais en train de lui dire — mais c’était mon tour à moi, c’était la seule chose que je ne pouvais pas lui dire, ce n’était pas une obligation, seulement un lien-d’amour-tacite, mais que je ne puisse pas le lui dire ne m’empêchait pas de le psalmodier au fond de moi : tu ne peux pas nous faire ça, pas maintenant, est-ce que tu sais seulement pourquoi tu ne peux pas faire ça, parce que ça ne se fait pas, c’est monstrueux, non pas maintenant,
coplas de Fin’amor, elle peut
Per son joy pot malautz sanar, Par sa joie les maux guérir
e per sa ira sas morir et par sa colère faire mourir
e savis hom enfolezir et les sages hommes affoler
e belhs hom sa beutat mudar et des bels hommes sa beauté muter
e•l plus cortes vilanejar et le plus courtois encanailler
e totz vilas encortezir.
et tout vilain encortezir

je ne donne pas créance aux faits, les faits, encore moins s’ils servent de caution ; je n’ai aucune estime de l’usage que l’on en fait ; la logique des faits, le coup monté, le fait accompli, jamais réussi à croire complètement, c’est toujours Athènes ou Rome aussi bien que Florence qui reproduit sa toge, c’est fallacieux ; je doute fort qu’entre deux êtres l’on puisse trouver rapport de cause à effet — aussi loin que je m’en souvienne, que je me vois assis sur une chaise, ou promène sur les quais de la Seine, ou que je ne dorme pas, mes soupçons à ce sujet ont toujours été les mêmes, j’aurai mis du temps à enchaîner des phrases mais non pas à savoir ce que je refuse
c’est curieux, je m’entends presque parler de politique… c’est que je me souviens de cette phrase qu’alors je me plaisais à répéter dans le manuscrit : Troie brûle encore, la lui attribuant à Borges, pour laisser entendre que par l’écriture il est question des choses, des faits et des gens sous la forme de leurs éternité, sub especie aeternitatis, c’est-à-dire qu’ils sont envisagés autrement que sous la forme des intérêts particuliers, du calcul qu’accompagne la volonté, c’est-à-dire comme moyens. Hélène, à cause d’Hélène… comme si l’incendie du Reichstag en 33 était la cause de la déclaration de l’Etat d’Exception,

Troie brûle encore, était aussi une bibliothèque que je voyais en feu ; un bien précieux qui brûle, et l’occasion d’un livre de poèmes de René Char,
achetais deux livres de lui, dans le marché du Parc Brassens, une semaine après. Carmen et Alek m’invitent, je ne vais pas bien du tout. Cela m’a fait chaud au cœur de les trouver là, les livres, comme s’ils m’attendaient : Je pense à la femme que j’aime. Son visage soudain s’est masqué. Le vide est à son tour malade.

René Char…
J’ouvris le manuscrit certain de vouloir lire plus en détail…

mercredi, juillet 05, 2006

DESNUDEZ

Dessin du 05/07/06




no tiene sucesor

la que estuvo vestida lo sabe
hay dos caminos
uno que no conduce y
otro que no corresponde



nadie puede

la que estuvo desnuda lo sabe
el velo no está donde es

NUDITE
n'a pas successeur / celle qui était habillé le sait / il y a deux chemins / un qui ne conduit pas et / un autre qui ne correspond pas/ personne ne peut / celle qui était nue le sait / le voile n'est pas là où il est


(Dario Acento, En el terreno de la amante)

Le Seuil de l'édition

Lu ce matin dans le Blog de Pierre Assouline, La république des livres

samedi, juillet 01, 2006

Alétheia II



pan de vie nue
cet aspect brûlant qui danse et nous fait signe
est juste un bord : œuvre des penchants qui dévoilent