mardi, novembre 21, 2006

Le livre intérieur de ces signes inconnus, Proust

mais d'abord la simple beauté d'une page/




Le livre intérieur de ces signes inconnus (de signes en relief, semblait-il, que mon attention explorant mon inconscient allait chercher, heurtait, contournait, comme un plongeur qui sonde), pour sa lecture, personne ne pouvait m'aider d'aucune règle, cette lecture consistant en un acte de création où nul ne peut nous suppléer, ni même collaborer avec nous.

manuscrit de la page, Proust / Le temps retrouvé





[NAF 16726. fol.005] Aussi combien se détournent de l'écrire, que de tâches n'assume-t-on pas pour éviter celle-là. Chaque événement, que ce fût l'affaire Dreyfus, que ce fût la guerre, avait fourni d'autres excuses [vol II.26] aux écrivains pour ne pas déchiffrer ce livre-là; ils voulaient assurer le triomphe du droit, refaire l'unité morale de la nation, n'avaient pas le temps de penser à la littérature. Mais ce n'étaient que des excuses parce qu'ils n'avaient pas ou plus, de génie, c'est-à-dire d'instinct. Car l'instinct dicte le devoir et l'intelligence fournit les prétextes pour l'éluder. Seulement les excuses ne figurent point dans l'art, les intentions n'y sont pas comptées, à tout moment l'artiste doit écouter son instinct, ce qui fait que l'art est ce qu'il y a de plus réel, la plus austère école de la vie, et le vrai Jugement dernier. Ce livre, le plus pénible de tous à déchiffrer, est aussi le seul que nous ait dicté la réalité, le seul dont "l'impression" ait été faite en nous par la réalité même. De quelque idée laissée en nous par la vie qu'il s'agisse, sa figure matérielle, trace de l'impression qu'elle nous a faite, est encore le gage de sa vérité nécessaire. Les idées formées par l'intelligence pure n'ont qu'une vérité logique, une vérité possible, leur élection est arbitraire. Le livre aux caractères figurés, non tracés par nous est notre seul livre. Non que les idées que nous formons ne puissent être justes logiquement, mais nous ne savons pas si elles sont vraies. Seule l'impression, si chétive qu'en semble la matière, si invraisemblable la trace, est un critérium de vérité et à cause de cela mérite seule d'être appréhendée par l'esprit car elle est seule capable, s'il sait en dégager cette vérité, de l'amener à une plus grande perfection et de lui donner une pure joie. L'impression est pour l'écrivain ce qu'est l'expérimentation pour le savant avec cette différence que chez le savant, le travail de l'intelligence précède et chez l'écrivain vient [vol II.27] après. Ce que nous n'avons pas eu à déchiffrer, à éclaircir par notre effort personnel, ce qui était clair avant nous, n'est pas à nous. Ne vient de nous-mêmes que ce que nous tirons de l'obscurité qui est en nous et que ne connaissent pas les autres. Et comme l'art recompose exactement la vie, autour de ces vérités qu'on a atteintes en soi-même flotte une atmosphère de poésie, la douceur d'un mystère qui n'est que la pénombre que nous avons traversée.


Marcel Proust





Le Temps retrouvé en Ligne

samedi, novembre 18, 2006

Pour expo 17



(L'atelier est le lieu mais le lieu n'est pas dans l'atelier)


acrylique sur toile 60x80cm

vendredi, novembre 10, 2006

jeudi, novembre 09, 2006

mardi, novembre 07, 2006

mardi, octobre 31, 2006

work in progress 02, invita Rembrandt


acrylique sut toile 60x80 cm



acrylique sur toile 80x60 cm



acrylique sur toile 60x80 cm




Wittgenstein + Michel Ange = Proust




«Pourquoi la philosophie est-elle aussi compliquée? Elle devrait pourtant être tout à fait simple. La philosophie défait dans notre pensée les noeuds que nous y avons introduits de façon insensée; mais c'est pour cela qu'il lui faut accomplir des mouvements aussi compliqués que le sont ces noeuds. La complexité de la philosophie n'est pas celle de sa matière mais celle des nodosités de notre pensée.»

Ludwig Wittgenstein (1889-1951), Remarques philosophiques, I,#2.


















Noued borroméen introduit par J. Lacan dans son intervention au Congrès de Rome en Novembre 1974. Conférence dites La Troisème.





« Le parfait artiste ne peut concevoir aucune image
Qui ne soit déjà dans l’enveloppe du marbre,
mais seule sait l’en extraire la main docile à l’esprit. » Michel Ange




jeudi, octobre 05, 2006

mardi, septembre 26, 2006

Rembrandt, in situ



Esquisse —

En regardant certains dessins de Rembrandt. J’y pense déjà ; il me souvient d’où se trouvent les miens, souvenir qui inclus les dessins que je n’ai pas encore fait.

Avant de dessiner il me faut à nouveau trouver cet endroit — ce lieu où l’on dessine : un dessin n’est jamais le notre que par cette option qui nous voue dans un premier temps à l’apprentissage et ensuite à l’éclosion. Commencer un dessin c’est accepter la leçon.
Quand je peux enfin apprendre de moi-même c’est que la lignée se dessine à travers eux. Tout commencement, sans cette acquisition me paraît impossible, voir fallacieux.
On ne s’entendra jamais quant au dessin.

Exit.

Massif du seul jeté. Les traits ont même attribut que la voix, si l’on écoute son grain perlé : souillure, effet de charbon, suie, une traînée de joie qui coule. Aussi parfois si c’est la nuit l’étoffe d’un râle… le mien, le sien ; l’assentiment n’a plus des mots — aisance dans la pâturage ; la langue à cet effet : apport

grand format

langue, à faire vibrer, matérielle, tout comme lèvres

Quant au dessins — notes à venir


ø

Pendant ce temps



Des Œuvres Klossowski et de Bellmer sont exposées à Londres. La Galerie Whitechapel de Londres présente une double exposition des artistes Pierre Klossowski et Hans Bellmer. (Manu press)

"Diane et Actéon", une des œuvres de Klossowski (1905-2001).


A lire de P. Klossowski « Le bain de Diane » aux éditions Gallimard

vendredi, septembre 15, 2006

Pedro Salinas







"Estas frases de amor que se repiten tanto
no son nunca las mismas.
Idéntico sonido tiene todas,
pero una vida anima cada una,
virgen y sola, si es que la percibes."


in Presagios (1924)



Revisited eros, drawing II









Ninfa y Sátiro, dibujo

UVA NUEVA


abajo
el mosto prepara la canción en —

te acordarás
haremos lo mismo con la luna

uva nueva
la única que
cuanta

voz
nudo
nada
subiera el soplo a tus párpados
sería lo que ya ves

la mirada donde nos damos cita
requiere que un cuarto de piel
sea luna lo único que tocamos




RAISIN NOUVEAU

vers le bas le moût prépare la chanson dans –
tu te souviendras
nous ferons la même chose avec la lune

raisin nouveau
le seul qui
compte

voix
nœud
rien
monterait le souffle à tes paupières
ce serait ce que tu vois déjà

le regard où nous nous donnons rendez-vous
requiert qu'un quart de peau soit lune
seule chose que nous touchons

mercredi, septembre 13, 2006

Uva nueva (Aretina IV)



choisir la vie
l'amour écrit avant

pour partir il ne faut rien
l'amour écrit avant

mardi, septembre 12, 2006

Cantique des Cantiques 4, 3



Tus labios son como hilo de escarlata, y tu boca, encantadora. Tus mejillas, como mitades de granada detrás de tu velo.


Dine leber er som en skarlagensnor, og din munn er yndig; som et stykke granateple er din tinning bak ditt slør.

Voici tes lèvres comme un ruban écarlate, combien ta bouche est charmante! Et tes tempes ressemblent à des moitiés de grenades dessous ton voile

dimanche, septembre 10, 2006

Aretina IV


Descort


(canso)

y nada será igual
no todo será distinto
a rua os livros as palabras
até o silêncio não será o mesmo
une fleur sera plus qu’une flor
et tu sera natura
sans être fleur

nada será lo que fue
ni litoral
ni agua
ni luna
será un cambio transparente
mudarán tus ojos al verme
y yo cantaré sin mirarte
ni le feu
ni le pluie
até os beijos não será os mesmos

y nada será igual
no todo será distinto

Un poema de Rubén Darío




LA COPA DE LAS HADAS

¿Fue en las islas de las rosas, en el país de los sueños, en donde hay niños risueños y enjambre de mariposas? Quizá. En sus grutas doradas, con sus diademas de oro, allí estaban, como un coro de reinas, todas las hadas. Las que tienen prisioneros a los silfos de la luz, las que andan con un capuz salpicado de luceros. Las que mantos de escarlata lucen con regio donaire, y las que hienden el aire con su varita de plata. ¿Era día o noche? El astro de la niebla sobre el tul, florecía en campo azul como un lirio de alabastro. Su peplo de oro la incierta alba ya había tendido. Era la hora en que en su nido toda alondra se despierta. Temblaba el limpio cristal del rocío de la noche, y estaba entreabierto el broche de la flor primaveral. Y en aquella región que era de la luz y la fortuna, cantaban un himno, a una, ave, aurora y primavera. Las hadas —aquella tropa brillante—, Delia, que he dicho, por un extraño capricho fabricaron una copa. Rara, bella, sin igual, y tan pura como bella, pues aún no ha bebido en ella ninguna boca mortal. De una azucena gentil hicieron el cáliz leve, que era de polvo de nieve y palidez de marfil. Y la base fue formada con un trémulo suspiro, de reflejos de zafiro y de luz cristalizada. La copa hecha se pensó en qué se pondría en ella (que es el todo, niña bella, de lo que te cuento yo). Una dijo: —La ilusión; otra dijo: —La belleza; otra dijo: —La riqueza; y otra más: —El corazón. La Reina Mab, que es discreta, dijo a la espléndida tropa: —Que se ponga en esa copa la felicidad completa. Y cuando habló Reina tal, produjo aplausos y asombros. Llevaba sobre sus hombros su soberbio manto real. Dejó caer la divina Reina de acento sonoro, algo como gotas de oro de una flauta cristalina. Ya la Reina Mab habló; cesó su olímpico gesto, y las hadas tanto han puesto que la copa se llenó. Amor, delicia, verdad, dicha, esplendor y riqueza, fe, poderío, belleza... ¡Toda la felicidad!... Y esta copa se guardó pura, sola, inmaculada. ¿Dónde? En una isla ignorada. ¿De dónde? ¡Se me olvidó!... ¿Fue en las islas de las rosas, en el país de los sueños, en donde hay niños risueños y enjambres de mariposas? ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... Esto nada importa aquí, pues por decirte escribía que esta copa, niña mía, la deseo para ti.


Santiago de Chile, diciembre de 1887.
Rubén Darío, 1887

samedi, septembre 09, 2006

Dos granadas 50x20


j’accompagne la touche
comme si touchant
il y avait tambour
et millésime pour ta gorge




jeudi, septembre 07, 2006

work in progress 02



Aretina III
(écrit cette nuit)


et maintenant (desvelado) amour je veille



ouvrir instant
paroles

une qui dit
et les autres qui peinture et dessin
ont l’écart qui t’attend

de rester tourné vers toi
il m’arrive de penser
si penser est rose plus que pluie
à nous
et si je sors à la terrasse à cette heure-ci :
rosée plus que rose

lieu pour acclimater mon amour qui
au fil du temps prend l’aspect d’un nœud


inquiet
en pensée j’accours vers toi

crainte ou souci
aujourd’hui le jour est plus fragile


toi qui est
chaque jour lune pour ma sieste
amour à minuit







ne pouvant pas dormir je peints
puis je dessine

je peints ce carnet, un pot et
cette assiette d’encre au café
avec quoi j’ai commencé ces dessins
à toi seule dédiés


j’ai besoin d’inclure cette fête d’orge et de semence


puis je peints au même temps
50x20 horizontale de la granada,
celle que tu ne voulais pas que je coupe






lumière qui posée là au rebord du meuble est
un fruit en plus

en vérité
c’est chanter que je voudrai pour ta couche cette nuit
où j’attends
de même qu’ici fruits
celui que peut-être déjà tu porte


et t’avouer encore amour
ce que j’ai ressenti la première fois
quand tes pas te conduisaient nue vers la table

aspect de profil
femelle de plus d’un siècle
car il faut plus d’un siècle pour se rencontrer ainsi



amour je t’en prie
fais-moi oublier la peinture pour que je peigne